On dit que le temps efface tout. Les échecs aussi bien que les succès, les innombrables vies autant que les innombrables morts qui leur succèdent. On dit que les civilisations s’effondrent et disparaissent devant l’impassible éternité de l’univers. Que même les mythes d’autrefois ne sont plus qu’un souvenir qui s’effiloche le long des lignes infinies du temps. Anges ou démons, pas même un grain de poussière ne porte désormais leur trace.
Pourtant, il arrive que, au détour d’un de ces méandres que la réalité se plaît à semer sur sa course rectiligne, les vieux monstres ressurgissent. Fossilisés dans la pierre ou dans le bois, prisonniers d’un passé qui n’existe plus, ils ne sont que des fantômes immobiles dont le présent n’a qu’à peine conscience. Révélés par le hasard ou l’œil torturé d’un fou qui refuse de marcher droit, ils s’élèvent, endormis et majestueux, n’effrayant plus que ceux qui, dans une autre vie, leur ont donné forme. Avant de sombrer à nouveau dans le néant, pour l’éternité et jusqu’à la prochaine émergence.
Ainsi en va-t-il des diables et des dieux, des légendes et des cités, des défunts et des vivants, des triomphes et des errances.
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